Libres livres

J’ai découvert les livres voyageurs il y a presque 10 ans. Je m’en souviens bien, il y avait un salon de thé que j’aimais bien, rue d’Italie à Aix en Provence (qui a fermé depuis) , qui proposait sur une de ses tables tout un tas de livres avec des codes inscrits à l’intérieur…bizarre autant qu’étrange. C’était l’arrivée des book crossing venus des Etats Unis, pour que les livres ne restent pas à prendre la poussière sur les étagères et découvrent le monde autant que nous. Il suffisait de prendre un de ses livres, noter sur le site de référence que nous l’avions et où nous le poserons après lecture.Comme cela on pouvait suivre sa progression, et aussi découvrir de nouveaux lieux qui accueillaient des livres voyageurs. Depuis l’idée a fait des émules, avec un fonctionnement beaucoup plus simple.

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Il y a la version basique je dirais, mise en place à titre individuel. Je vous en avais parlé il y a quelque temps (ici), car c’est un moyen que j’ai utilisé pour faire du tri dans ma bibliothèque. Vous avez fini un roman, vous ne souhaitez pas le garder. Il suffit de le laisser sur un lieu de passage, dans le métro, un arrêt de bus, etc. avec un petit mot explicatif. Et le livre trouvera un acquéreur curieux.

De plus en plus , des villes ou des associations intègrent dans les paysages urbains des cabanes ou endroits insolites où l’on peut à sa guise, donner ou prendre des ouvrages de passage. Les valeurs transmises par ce seul acte, sont  assez fortes. C’est montrer que lire est à la portée de tous, pour ceux qui croiraient que les bibliothèques ou les libraires ne seraient que pour une élite. Le sortir de son contexte habituel. Par exemple à Marseille ou d’autres plages du Sud de la France. Nous pouvons découvrir chaque été de grands rayonnages, ou des cabines pleins de quoi se cultiver en prenant le soleil. C’est mettre en avant le partage, la gratuité, et expliquer ainsi qu’un autre mode de vie est possible. Cela peut représenter aussi un point de rencontre, de discussions, dans des quartiers peut être un peu tristounets. Créer du lien.

Durant mes différentes escapades je m’amuse à dénicher ces bouquins en partage. J’ai pu ainsi découvrir, que plusieurs bibliothèques proposaient des coins « dons » pour sauver certains de leurs anciens petits protégés du pilon. J’ai pu voir des livres voyageurs en bord de plage normande, d’autres dans un foyer du troisième âge, d’autres encore dans le ventre d’une girafe… Et encore, je n’ai pas tout pris en photo !

Comme vous pouvez le voir, le principe est assez simple. Le principal étant de protéger les livres de dégâts éventuels liés aux intempéries ou à des personnes non respectueuses. Ensuite on peut trouver toutes les formes du nichoir au tube géant. Voire même d’anciennes cabines téléphoniques métamorphosées en bibliothèque libre de rue. Vous pouvez vous même être à l’initiative de cela. Bien sûr quand on est raisonnable, le mieux est de demander l’accord à la mairie, étant donné que c’est sur la voie public…Mais bon, qui pourrait être contre une telle proposition 😉 Et puis, il y a un moment où être raisonnable a ses limites 🙂 Surtout quand c’est pour un acte citoyen basé sur la confiance , le don et l’échange.

Seriez vous prêt.e.s à tenter l’expérience ?

A livre ouvert

Minolta DSC

« Ne m’amenez pas dans une librairie, ou j’achète tout! » Tel était mon adage fût un temps.

Oui j’aime les livres. Et oui, j’aime cette sensation d’être dans une bulle, voyager dans le temps, l’espace, l’instant d’une lecture. Assez bateau comme approche, soit. Le goût de la lecture m’est apparu assez tard au final. Même si j’ai toujours vu certains membres de ma famille ou des amis lire. Et que j’ai grandi entourée de livres, en recevant souvent à mes anniversaires. Mais je préférais nettement jouer à la barbie, me raconter des histoires et je l’avoue…regarder la télé ! Ah celle là ! Et puis il y a eut Alice, de la collection verte, qui attendait sur mon étagère. Alice la blonde, maline, américaine -si mon souvenir est bon- ,si courageuse , et qui sait démêler la moindre enquête. Je crois que ça part de là, vraiment. L’envie de la retrouver dans d’autres aventures, l’envie d’être un petit peu elle…

Et puis l’attrait est allé crescendo. Il y a eut les lectures  scolaires, laborieuses lectures, pas toujours terminées. Mais qui finalement m’ont laissés des souvenirs profonds, encore à l’heure actuelle. Des personnages, des paysages imaginés à partir de descriptions d’un Balzac ou d’un Zola. (Je me dis, d’ailleurs, qu’il serait intéressant de les relire, avec mon regard d’adulte, hors obligation scolaire). Vint ensuite, les périodes de latence, de chômage, de vacances, en attendant le train ou en voyageant à son bord. L’ami livre, le compagnon fidèle. Ses quatrième de couverture prometteuses, les points Relay tentateurs, les coups de coeur des libraires, les néo critiques littéraires de l’internet, les découvertes de dernières minutes et autres chroniques de Gérard Collard. Sans oublier, la passagère inscription aux achats mensuels (ou trimestriels) obligatoires d’une certaine filiale. Les librairies sont des boîtes de Pandore..

Oui mais voila, qui dit boîte de Pandore, dit source de meilleur comme du pire. Après une année de mauvaise pioche littéraire, suivie d’une petite baisse de revenus et surtout d’un déménagement. Mon point de vue sur ces pavés de papier, a quelque peu évolué. Même si les livres habillent, indéniablement une maison. Tous les cartons que cela représentait, et le fait d’imaginer que j’étais peut être au tiers de ma vie. Et qu’en continuant de la sorte, allait se rajouter encore des livres et encore des étagères, m’a quelque peu angoissé. Qu’est ce que cela m’apporte de posséder tout ceci?

J’ai commencé à me détacher de certains bouquins, que je savais ne jamais lire de nouveau, en les laissant dans des lieux publics. Avec un petit mot sur la première page, expliquant le système de livre voyageur. Je suis allée plus  souvent chez le bouquiniste. Puis je me suis remise à aller à la bibliothèque. Ce qui m’a permis au passage de prendre goût à la bande dessiné. Découvrant des auteurs, délaissant sans scrupule les lectures qui n’étaient finalement pas à mon goût. Et me disant que si j’avais un vrai coup de coeur, je pourrais toujours m’acheter ce dernier. Ce que je n’ai jamais fait jusqu’à présent à vrai dire.

Sacrée liberté au final ! J’en suis arrivée à ne plus acheter de livre, que pour en faire des cadeaux. Je m’en offre ou m’en fait offrir de temps en temps. Car mon amour pour l’objet, les librairies, et mon respect pour la profession, font que je ne veux pas voir tout cela mourir. Et les voir se laisser dévorer par de grosses franchises sans âmes, des taxes et de lois absurdes. Ma liste de lecture ne désemplit pas. Mais j’aborde mon loisir autrement, en essayant de trouver un équilibre entre mon amour livresque et mon besoin de légèreté matérielle.

Voici une initiative aixoise de livres voyageurs : <http://www.lagratuitenapasdeprix.org/

(Encore sur Aix en Provence) Vous pouvez déposer et récupérer des livres dans la bibliothèque libre d’accès au Bar associatif le 3c sur le boulevard Carnot.

Et enfin un nouveau concept, l’étape au dessus des cercles de troc de livres: la « free library » ou bibliothèque partagée. C’est à dire le prêt et l’échange de votre bibliothèque : <à lire ici

N’oubliez pas qu’un vendeur d’amazon prend le travail de 10 libraires.

Et vous, où en êtes vous ?