Par nature

Il y a souvent un fait qui m’énerve. Celui de rendre les nouvelles générations responsables du changement. Pourtant, je crois fortement en la révolution passive par le biais de l’éducation. Mais tout reposer sur leurs petites épaules à tendance à m’agacer…je m’explique.

pologne

 

Je suis animatrice culturelle depuis 10 ans auprès d’enfants et d’adolescents. Je me sers de mon travail pour transmettre des valeurs et des savoirs qui me tiennent à coeur. L’enfance est une période intense d’apprentissage, où on leur demande déjà beaucoup.L’enfance c’est aussi le temps du jeu, du rêve et des copains. Récemment lors Lire la suite

La transmission

L’autre jour…Premiers jours de grosse chaleur quasi estivale, le centre ville grouille de piétons, jour de carnaval, jour du festival de BD. Je n’aime pas la foule, mais les gens semblent joyeux. J’ai rendez vous. Afin d’éviter le flot de personnes, et de donner un point de repère précis pour se retrouver, je décide de me poster devant un kiosque de fleuriste. Au moins entourée de fleurs je me sentirais mieux. Me voila observatrice. Les démarches de certains, les bribes de conversation d’autres m’amusent. Des badauds photographient les roses. Un père et sa fille rentrent dans le kiosque. Je les vois arpenter devant les différents présentoirs. Et je comprends que la petite fille a droit de choisir les fleurs qu’elle veut et de composer son bouquet. Mais en sachant qu’elle ne dispose que de 5€ dans sa petite menotte. J’étais fascinée de voir l’élaboration de ce bouquet, la difficulté du choix et d’intégrer la valeur de chaque fleur. J’ai trouvé le procédé beau et intéressant. Une autonomie en douceur. Même si cette enfant était trop jeune pour avoir appris l’addition. Je pense que cela ne m’aurait pas autant touché ,si cela avait concerné un objet de pure consommation. C’est cela le plaisir d’une vie simple, des fleurs qui donnent le sourire, le cadeau de la découverte à l’enfant.

C’était comme être dans une bulle. La petite fille est repartie à la fois fière , mais quelque peu frustrée de ne pas avoir pu choisir toutes les fleurs qu’elle voulait. Serrant dans sa main une composition toute rose.

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« junior, sénior » crédit photo : Dormance tous droits réservés

On strike !

En ce jour de gréve des écoles ici dans l’inter galaxie. Dormance s’indigne et lève le poing…de son fauteuil. Elle n’est pas enseignante, elle ne travaille plus dans l’éducation populaire et n’a même pas d’enfant. Mais tout de même, ça lui pose problème. Car même si l’enfance sert à jouer; l’apprentissage quel qu’il soit vaut son pesant de cacahuètes. Le monde pleure sur la perte du bon usage de la langue et le gouvernement joue à la pâte à modeler avec les réformes,les horaires, les formations de professeurs des écoles, le programme. Chargeant la mule, oubliant l’essentiel. Le rythme de l’humain, le plaisir d’apprendre sans pression : la grammaire comme le nom des fleurs, le vivre ensemble comme les mathématiques.

Et puis les parents exigeants et puis l’aire de la technologie…on en perdrait son latin.

Dormance tente de poser ses pensées, mais malheureusement ce sont des pensées négatives qui l’assaillent. Elle repense à ces sociétés où il ferait bon ne pas trop réfléchir, où il ne faudrait pas que le peuple comprenne sa force. Elle se dit que pourtant, dans l’histoire, cela s’est déjà vu de faire disparaître du programme la philosophie et l’histoire comme si de rien. De contrôler la culture. Voire même de se servir de livres comme bois de chauffage. Elle se dit que c’est peut être un moyen d’asservir les gens. Mais peut être pas, étant donné que les gens ne s’en souviennent pas, ou ne font pas le lien. Tout ça est bien embrouillant et nous bien impuissants, pauvres hères.

Elle repense au film documentaire « Et ce n’est qu’un début » http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19140547&cfilm=147579.html

Et d’un coup, elle se prête à rêver : si les parents  soutenaient les profs, et si les gens qui n’ont pas d’enfants, les grands parents, les étudiants, les ouvriers etc soutenaient les parents et les profs. Si, en gros, tout le monde se sentait concerné et voyait l’importance de l’éducation raisonnée, raisonnable, humaine et tout et tout..

A ce moment là elle visualise le film Pride (si tu ne l’as pas vu, vas y !   http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19546462&cfilm=228499.html  ) , se souvient de la réaction du public dans la salle de cinéma face à cette histoire -vraie- de solidarité entre homos et ouvriers, l’enthousiasme palpable, l’envie d’applaudir. Continue sur sa lancée de rêverie. Et si quand chaque corps de métier piliers de notre société (santé, culture, agriculture, emploi, éducation) manifestait , la solidarité se créée et tout le monde descendait dans la rue avec eux. Car leur intérêt est notre intérêt à tous, personne ne veut d’un pays analphabète, personne ne veut attendre en souffrance pendant des heures aux urgences par manque d’effectif. Du monde dans la rue comme pour Charlie. Histoire de faire peur au gouvernement.

Mais comment faire quand on n’est pas syndiqué ou en lien avec ces corporations ?

Dormance n’en sait rien, et puis personne ne voudra, en plus aujourd’hui il fait beau, tout le monde est en terrasse, pas le temps. Ca parait compliqué…dommage ça semblait génial. Mieux vaut râler dans son canapé, c’est le plus simple. D’ailleurs c’est ce qu’elle s’empresse de faire.

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