Il y a souvent un fait qui m’énerve. Celui de rendre les nouvelles générations responsables du changement. Pourtant, je crois fortement en la révolution passive par le biais de l’éducation. Mais tout reposer sur leurs petites épaules à tendance à m’agacer…je m’explique.
Je suis animatrice culturelle depuis 10 ans auprès d’enfants et d’adolescents. Je me sers de mon travail pour transmettre des valeurs et des savoirs qui me tiennent à coeur. L’enfance est une période intense d’apprentissage, où on leur demande déjà beaucoup.L’enfance c’est aussi le temps du jeu, du rêve et des copains. Récemment lors
du festival Terre et Avenir à Salon de Provence, j’ai encore entendu cette fameuse phrase. « il faudrait sensibiliser les enfants, c’est comme ça que les choses vont changer, c’est eux qui donneront l’impulsion ». Je suis donc partie dans une grande discussion à ce sujet avec Gisèle et son mari les gérants d’Autrement Vrac. Tout d’abord, il faut arrêter de croire qu’aucune initiative autour de la sensibilisation à l’environnement ne sont pas mises en place par les écoles. En 10 ans, j’en ai rencontré des instits , j’en ai visité des établissements scolaires et ce genre d’initiatives existent belle et bien. En plus des nombreuses connaissances de base au programme, mais aussi de l’apprentissage du savoir vivre, du vivre ensemble etc. Et très souvent, les profs me retournaient le souci, que toutes ces leçons de vie inculquées en semaine, étaient souvent mises à mal, oubliées, mises de côté le weekend. Et il fallait tout recommencer, tout reprendre le lundi…Remise à zéro perpétuelle. Je vous laisse deviner pourquoi. Je n’incrimine aucuns parents, et je ne généralise pas. Je comprends bien qu’élever un ou des enfants est un dur métier. Mais à mes yeux, c’est là la preuve que ce sont les adultes qu’on doit éduquer.
Par nature un enfant aime la nature et les animaux. Bien sûr, il y a toujours celui ou celle qui donne des coups de pieds dans des arbres par provoc ( c’est du vécu). Celui ou celle qui enlève la tête d’un fourmis de son corps ,pour voir si les pattes fonctionnent toutes seules. (ou même par simple cruauté, ça existe, mais en minorité). En se baladant dans la nature les enfants vont s’offusquer de voir des déchets, ils savent d’eux même que « c’est sale » »c’est moche » et ça n’a rien à faire là ». Leur vie est émerveillement, cette qualité, ce point de vue que nous perdons parfois en grandissant.
Par nature les enfants sont « écolos »On peut leur apprendre à trier des déchets, c’est bien. Mais qui achète les emballages? Qui fait les courses ? Qui doit être sensibilisé à la surconsommation ? Les adultes.
On se sert des minots comme levier, comme wagon de tête, c’est beau, c’est touchant, ça peut fonctionner. Je ne dis pas le contraire. Mais quand cette génération aura enfin l’âge de mettre en place ce qu’ils ont appris. IL se sera peut être écoulé 10 -15 ans. Et nous ne pouvons plus attendre. LA réelle question, à laquelle je peine à trouver une solution. C’est comment atteindre, sensibiliser et faire changer les mentalités des grandes personnes ?
Bien sûr continuons à transmettre de belles valeurs aux jeunes générations, cela reste important. Ce sont autant de graines plantées, prêtes à germer. Mais calmons le jeu, arrêtons de déléguer et de tout laisser reposer sur les générations futures. C’est à nous tous de changer. A nous tous de montrer l’exemple. C’est à nous adultes de rendre les enfants fiers de nous, autant que nous sommes fiers d’eux. Plutôt que de leur léguer un cadeau empoisonné.
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