S’il y a bien une chose que j’attends avec impatience à chaque printemps, c’est d’entendre les hirondelles. A la fois madeleine de Proust et alerte sonore signalant à mon cerveau, que les beaux jours arrivent. Les heures tièdes, le soleil qui se couche tard et les apéros sur le balcon entre amis.
Quand j’étais enfant, j’adorais aller à l’école, et surtout j’adorais mon école. Ce bâtiment immense avec son parterre début XXème en céramique peinte. Ce poêle géant dans la cage d’escalier (enfin qui me semblait géant à l’époque). Ses combles et ses recoins que j’imaginais remplis de trésors. Mais ayant toujours été une rêveuse, j’aimais tout autant regarder par les fenêtres pendant les leçons. Encore plus, quand mes classes se trouvaient à l’étage. Je voyais les grues des chantiers en pleine action, les chats marchant sur les toits au loin. Et je pouvais surtout assister, quand l’heure venait, au bal incessant des hirondelles faisant leurs nids et nourrissant leurs petits. Pile à la bonne hauteur. J’avais une vue impeccable sur leur travail de mini maçon, ces nids: petits miracles de la nature, faits d’ingéniosité et de bric à brac de brindilles en tous genres. Apercevant même parfois les becs et gosiers tendus des oisillons goulus. Je les voyais filer comme l’éclair. Volant parfois bas, ou en arabesque et piaillant: » Ca y est les enfants ! je ramène le frichti ! » « Eh ! y’a Geneviève qui fait sa maline avec son nid tout neuf! »
Pour moi, les hirondelles, si elles ne font pas le printemps, font mon bonheur. Un petit cri strident et j’ai le sourire aux lèvres. Elles sont le printemps, l’été, l’air doux entre chien et loup. Le nez à la vitre observant la belle lumière.
Ce soir j’ai entendu mes premières hirondelles, c’est comme si les tensions de la journée s’envolaient avec elles.
A chacun son hirondelle, à chacun son bonheur simple. Un instant doré, dont il est bon de se laisser emplir. Car comme disait le grand philosophe de la jungle : « Il en faut peu pour être heureux. »