Avez vous remarqué dans quel état ont été plongé certaines personnes, face à la pénurie de carburant ? L’agressivité qu’il a pu en ressortir ? Avez vous noté les symptômes de l’addiction, de la nervosité, de l’anxiété ? (aussi liées à la grande peur de perdre son emploi, autre domaine d’asservissement). Automatisme rassurant, cocon de surpuissance. A bord de notre voiture , nous sommes plus forts, nous devenons un(e) autre.L’insulte facile, et j’en passe. Seul au monde, le roi du pétrole en quelque sorte 😉 Aller toujours plus vite pour grappiller du temps, ce temps précieux, mais pour aller où ? Pour quoi faire ?
J’ai un rapport à la conduite assez particulier, je crois même qu’on peut dire que je n’aime pas trop conduire. A part si c’est sur une voie large , sans trop d’encombrements et de virages (autant rêver quoi). Pourtant dès très jeune, j’ai passé plusieurs heures dans le camion familial sur les routes de France et de Navarre. Donc autant vous l’avouer tout de suite, malgré la conduite accompagnée, je n’ai eu mon permis qu’au bout de 3 fois ! Je n’ai compris le sentiment de liberté que pouvait amener une voiture, que lorsque j’ai fait mon premier long trajet de jeune conductrice, seule, pour aller dans la Creuse, il y a quelques bons côtés… C’est vrai. Mon aversion sur l’impact qu’a la conduite sur nous -fragiles humanoïdes-à grandit au fil des années. Avec une période où j’avais lâché le bus pour ma petite fiat afin de me rendre à la fac. J’ai ensuite arrêté mes études , et j’ai commencé l’animation professionnellement, me servant moins de mon véhicule, car je partais avec les bus scolaires pour encadrer les enfants dès leur départ. Installée ensuite dans le centre ville d’Aix en Provence, et de plus en plus dans une démarche écologique, j’étais ravie de tout faire à pieds et en transport en commun.Ont suivi quelques mois,seulement en bus , train , métro et avion, sans aucun souci de logistique. Puis, vint mon déménagement vers la Normandie , avec ma tuture dans l’autotrain. C’est une époque où j’ai beaucoup conduit, car malheureusement la Manche n’est pas très bien desservit en transport en commun (à mes yeux) , ou cela ne s’adaptait pas à mes horaires de travail. Mais a part les tracteurs, je n’avais pas énormément de contraintes. Bien qu’à l’époque je pouvais faire 30 min de route le matin et le soir, ce que je trouvais déjà aliénant (j’ai une sorte d’admiration mêlée d’incompréhension face à ceux qui supportent cela depuis des années et sur des plus longs trajets ). Je continuais tout de même à faire à pieds , tout ce que je pouvais. Malgré tout ça, je sentais bien que la voiture n’était pas faite pour moi, être derrière le volant m’oppresse (sans parler de mon esprit envahit de culpabilité quant à mon empreinte carbone). De retour dans le Sud, ça était le pompon. Bien « obligée », d’utiliser ma voiture pour aller voir certains amis maintenant éparpillés, et surtout la conduite méridionale agressive, nerveuse, qui ne laisse pas le droit à une seconde d’hésitation, à eut raison de mes nerfs…De nouveau habitant au centre ville d’Aix depuis 3 ans, je revis sans voiture ,que j’ai donné à mes parents, et que j’utilise à l’occasion, pour ne pas perdre la main. La vie est plus belle. Tout ce parcours, m’a permis de savoir ce que je voulais et ce que je ne voulais plus. A y voir plus clair dans ce que je n’aimais pas dans le fait d’être derrière un volant, sans l’avoir conscientisé jusque là. (Après cette longue introduction) Je souhaite maintenant vous présenter selon mon point de vue , les points positifs et négatifs à avoir une voiture.
Les points négatifs :
- Il m’arrive de rater des événements qui m’intéressent, si je ne trouve pas de bus ou de covoiturage pour m’y rendre. Comme le Salon du livre de l’imaginaire il y a quelques mois. (Mais concrètement ce n’est pas grave, je m’occupe autrement)
- J’annule des soirées avec des amis. Ce qui est plus compliqué à gérer. Car ils peuvent le prendre assez mal. Comme j’ai décidé de me défaire du stress de la voiture, ce n’est pas pour le remplacer par un autre stress. Donc quand je sens que mon trajet va être compliqué, que je vais devoir courir, arriver peut être plus tard que les autres, moins profiter du moment etc etc Je préfère remettre à plus tard (cela n’altérant en rien l’affection que j’ai pour eux), et se voir lorsque cela est plus facile. Cela me permet d’être pleinement présente , détendue et totalement disponible pour mes amis à un moment choisi. Malheureusement, eux ne le voient pas toujours sous cet angle, et peuvent se vexer. C’est vrai que cela peut donner l’impression que je me prends pour la Reine, à qui on doit rendre visite, mais qui ne se déplace pas. Ce n’est pas vraiment ça. J’ai juste l’impression d’avoir donné 10 ans environ de ma vie, à faire le taxi, à faire des bornes pour les autres, à me rendre disponible coûte que coûte. Chacun ses idéaux, respecter l’environnement, et me respecter moi même font parties de mes priorités à partir de maintenant.
- Je suis dépendante des horaires des transports en commun, de mes amis pour m’amener, ou des critères de covoiturage. Mais je préfère cette dépendance à celle d’une machine, et de son carburant. Et tout ce que cela génère.
- Il est préférable d’habiter en ville, pour avoir ce mode de vie.
Les points positifs:
- Financièrement. Je ne paie plus d’assurance, pour une voiture que je n’utilise que très rarement. Même si je souhaite participer , en faisant le plein de temps en temps. Tout cela constitue une économie importante. Vu mon salaire, ce n’est pas négligeable. Et j’ai la chance d’habiter dans une ville qui propose des bus pour les communes environnantes à 1€10.
- J’ai un autre rapport au temps. Ma vie est plus douce, avec un rythme qui me convient mieux. Je n’ai plus l’impression de perdre mon temps pour des idioties , comme chercher une place. Marcher 30 min, même pour faire mes courses , ne me dérangeant aucunement, et est à mes yeux un bon moment.
- Cela m’a appris à mieux m’écouter. Ecouter mes envies profondes, mon état réel de fatigue,…
- Je n’ai plus le stress et autres émotions négatives liés au fait de trouver une place, faire attention à ne pas abîmer mon auto, me trouver dans un embouteillage en plein été, etc etc (lorsqu’il m’arrive d’utiliser mon véhicule, c’est comme une petite piqûre de rappel, très très rapidement je me souviens pourquoi j’évite de m’en servir: ça rend les gens fous -moi la première-)
- Je peux profiter du paysage, observer le monde qui m’entoure.
- Je me sens plus en adéquation avec mes valeurs. Ce qui est très satisfaisant.
- Je marche plus. Donc je suis mieux dans mon corps et dans ma tête.
- La vie est plus légère sans automobile !!
Il est vrai que cela demande une toute autre organisation. Je vis seule, je n’ai pas d’enfants, je n’ai pas besoin d’aller dans un grand supermarché pour faire un caddy pour le mois…je fais mes courses de légumes frais régulièrement au marché ou dans les commerces proches de chez moi. Actuellement, dans une remise en question sur mon mode de vie et ayant grand besoin de verdure, je suis face à un dilemme. Vivre à la campagne et réutiliser ma voiture,en changeant tout mon mode de vie. Ou rester en ville, en cherchant un nouveau logement avec un peu de nature autour (gros défi) et continuer mon fonctionnement principalement pédestre. Même si j’ai lu qu’un vegan en 4×4 polluerait moins qu’un carnivore en vélo, je n’ose pas encore sauter le pas de vivre à la campagne…
Voici deux articles pour illustrer mon débat interne : vivre à la campagne de Friendly beauty et un article de kaizen « est il plus écolo de vivre à la campagne ? » Qu’en pensez vous ?
Et vous ? Avez vous une voiture ? Quel lien entretenez vous avec l’univers automobile ? Seriez vous prêt(e) à vous défaire de ce fonctionnement ?
C’est drôle parce que je suis une citadine qui travaille à la campagne!!! L’inverse de beaucoup de personnes. Bon, la ville, est tellement petite qu’on peut relier la gare, l’hôpital, les premiers commerces et les départs de rando en pleine forêt en moins d’une heure à pieds.
D’ailleurs pour moi c’est l’alternative idéale à la ville et à la « campagne » (je parlerai plus de montagne, ici) puisque les avantages des deux sont réunis. Je ne pourrais plus revivre dans une ville plus grande.
Pour la voiture, par contre, elle devient indispensable lorsqu’on trouve du travail dans les vallées environnantes, et j’ai du apprendre à conduire par tous les temps (pluie, neige, verglas) et sur toutes les routes, moi qui a eu le permis au bout de 3 fois…
Mais ici la question de l’empreinte écologique de la voiture, même les personnes les plus engagées ne peuvent pas faire autrement. C’est ça ou rater des opportunités d’emploi (très rares par ici).
Après, moi je la réserve pour le travail, les courses et tout le reste, c’est à pieds!!!
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eh oui, il y a certains lieux où tu ne peux pas faire autrement…Mais si tu arrives à faire un bon compromis en faisant le reste à pieds, c’est chouette ! c’est ce que je faisais quand j’étais en Normandie.
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