Voici un roman, que j’avais découvert grâce au journal L’âge de faire. Et qui m’avait donné envie de le lire. Par chance peu de temps après la lecture de cette chronique, je l’ai trouvé lors du Ferme d’Avenir Tour. Il attendait sagement sur ma bibliothèque depuis cet été donc. Je ressors de cette lecture pour le moins..mitigée, mais avec plein de questions en tête. Je vais vous expliquer cela.
Les Recycleurs de Michel Hutt, est un roman d’anticipation. C’est le deuxième tome d’une série autour d’une Grande Crise ( Un black out,2 centrales nucléaires qui explosent, et un krach boursier) qui touche le monde dans un avenir plutôt proche. Je n’ai pas lu le 1er tome, mais il était écrit qu’on pouvait les lire séparément. Je lis rarement ce type d’écrit, car pour être franche ,cela me crée des angoisses. Je n’ai pas de vraie phobie, mais une chose dont j’ai réellement peur est de vivre une guerre, un cataclysme, une crise destructrice. Car je sais que la nature humaine, n’est pas toujours jolie-jolie, ce qui peut être amplifié dans une situation extrême, est cela me terrorise. La dernière fiction que j’ai lu dans ce style, est Le cantique de l’apocalypse joyeuse d’Arto Paasilinna. Même si dans ces deux récits l’ambiance est loin d’être sombre, cela me fait tellement cogiter, qu’en générale je finis par faire des cauchemars. Je me demande toujours si cela arrivait vraiment, comment je le vivrais, que serais je capable de faire, aurais je la force de survivre, etc (même question pour ceux qui m’entourent) . Et c’est un des points positifs de ce roman, nous pousser à réfléchir. Je vais vous exposer simplement les points positifs et négatifs de ma lecture. De mon point de vue de lectrice, j’ai conscience que l’art de l’écriture est difficile, et je ne me permettrait pas de dire que je pourrais faire mieux.
L’action se situe en grande partie en Alsace, où une communauté vit en autarcie. Mais on suit également une confrérie de recycleurs/bricoleurs spécialisée dans la métallurgie et qui passe de ville en ville pour aider les gens grâce à leur savoir contre du troc. Ces confréries sont dirigées par un patriarche ou une matriarche, mais les décisions sont toujours prises collectivement. Il y a des règles précises et une charte à respecter. La vie est dans la simplicité. Plus d’électricité, plus de système de poste, l’argent n’existe quasiment plus, les habitants ne sont au courant de ce qu’il se passe dans l’Europe que par le bouche à oreille. C’est une fresque familiale post apocalyptique, pour résumer.
Ce que j’ai apprécié :
- Que cette lecture nous amène à réfléchir, à remettre en question l’état actuel des choses, étant donné que nous comprenons bien que ce récit est dans un futur très proche, même si aucune date n’est donné ou très peu dans les anecdotes de certains personnages à la fin du livre.
- L’auteur propose des solutions, des exemples concrets pour un mode de vie alternatif.
- On sent qu’il a fait également un effort pour mettre en avant la communication non violente, dans les dialogues des personnages.
- C’est un roman plutôt positif, qui prône la sobriété heureuse. Même s’il ne cache pas les difficultés que rencontrent les personnages, les écarts sociaux qui persistent , les pillages et la violence sont de mise.
- Les savoirs faire, le travail manuel, les connaissances pratiques , la solidarité sont mis en avant comme des atouts à la survie.
- Ce roman est peut être bon pour sensibiliser, ou apprendre des techniques aux gens qui connaissent peu l’écologie et les alternatives possibles.
- Il aborde des sujets auxquels on ne penserait peut être pas, enfin surtout un que j’ai trouvé intéressant. La disparition de la contraception avec des supports « extérieurs », comme les usines n’existent plus. Donc chasteté et régulation des naissances tant que faire se peut sont adoptés, en tout cas dans certaines communautés
Ce que je n’ai pas apprécié :
- Pour moi, ce bouquin contient trop de longueurs, de passages et de détails inutiles qui alourdissent le récit. La première moitié des Recycleurs m’aurait amplement satisfaite.
- Certains passages (très courts) sur des personnages masculins matant le corps d’une des protagonistes, m’ont mis mal à l’aise et encore une fois, j’ai trouvé cela inutile.
- L’écriture manque de fluidité, on alterne des paragraphes quasi technique sur les méthodes utilisées pour vivre en autonomie/autarcie , avec des frasques de personnages ( parfois vulgaires) digne de la série La famille formidable.
- Les solutions proposées quoi qu’intéressantes, manquent à mes yeux d’innovation. Bien sûr, il y a de la récup, du troc , du bricolage etc a part la charrette- potager, un potager mobile pour les nomades ,dont j’ai aimé l’idée. Il n’y avait rien de vraiment méconnu, peut être m’attendais je à de folles inventions comme l’on peut en trouver dans l’univers steampunk ( vue que l’électricité n’y existe pas non plus) , ou des moteurs à eau, à bio masse, que sais je encore.
- J’aurais aimé en savoir plus sur cette crise, donc je pense que lire le 1er tome avant aurait quand même était préférable.
- Cette lecture a été fastidieuse sans que je me l’explique…
- Beaucoup de personnages, avec des liens familiaux ou non,compliqués à assimilés
- On dit souvent que l’écologie est un retour au Moyen Age, phrase que je déteste…et malheureusement ici, l’auteur a repris beaucoup d’idée dans cette période historique (confrérie, avec des serments etc ), et même dans son vocabulaire. Ce qui a mes yeux dessert le mouvement écologiste.
Voila, vous comprenez maintenant pourquoi je suis mitigée. Si vous aimez les livres avec de l’action , celui là n’est pas pour vous. C’est un roman qui soulève des interrogations, qui serait plus comme un guide ou un manuel romancé peut être. Je pense quand même qu’il reste intéressant , et peut donner des idées, voire impulser des initiatives.
Si vous avez lu ce roman, je serais ravie d’avoir votre retour !